La peur du changement
C’est un trait parfaitement répandu et par ailleurs parfaitement compréhensible, qui est présent en chacun de nous. Effectivement, nous avons tous, sur un sujet ou un autre, pensé que les choses étaient bien comme elles étaient, et pour une raison simple, le changement recoupe une forme d’inconnu, il nécessite de s’interroger, de s’adapter, d’accepter que certains mouvements nous échappent.
En bref, cette appréhension au changement est une forme de conservatisme naturel, car le changement demande une remise en cause individuelle et collective.
Quelques projets éoliens n’ont certainement pas assez associé les riverains et pris en compte les angoisses que peut susciter l’implantation d’éoliennes dans les concertations. Mais c’est surtout le manque de pédagogie et d’informations sur l’énergie éolienne par les pouvoirs publics qui a pu renforcer ce sentiment naturel de résistance au changement.
Cette opposition à l’énergie éolienne relève alors pour certains, non de la peur en elle même, mais celle de devoir changer sans que cela soit un choix.
C’est en s’appuyant sur cette faiblesse que les organisations anti-éoliennes ont bâti leur mouvement fondé sur l’idée que “non, nous ne voulons pas de changement” ou encore “nous voulons surtout que rien ne change : nous n’en n’avons pas besoin. »
Du déni au lobby anti-éolien
Le terme transition énergétique matérialise parfaitement cette notion de changement. La transition se définit bien comme le passage d’un état à un autre, c’est un mouvement entre deux états, et dans le cas présent, le mouvement d’un monde fossile, où l’Homme extrait des ressources, les brûlent, et intoxique son habitat, vers un monde où nous utilisons des ressources naturelles pour produire son énergie sans produire de gaz à effet de serre.
Il ne faut donc pas s’y tromper, l’opposition à l’énergie éolienne est avant tout une opposition à la transition énergétique et écologique. Cette opposition n’est pas nécessairement basée sur un désaccord sur le constat – encore que Jean Louis Butré, le dirigeant de la FED, l’une des principales organisations anti-éoliennes, soit ouvertement climato-sceptique.
La manipulation et la récupération de quelques politiques et personnalités souhaitant s’attirer la sympathie d’un public rural, mal informé a fait son chemin chez nos ainées qui voit en l’éolien l’avènement d’une nouvelle ère dont il se sentent exclus. Il est d’ailleurs intéressant de constater que la jeunesse parvient parfaitement à conjuguer le besoin d’action immédiat avec des conséquences dans le temps long. Dans ce lobby anti-éolien, la jeunesse est quasiment absente.
Penser au-delà de sa propre existence
Reste donc le réflexe d’immobilisme, comme le lapin pris dans les phares de la voiture, qui sait qu’il doit bouger pour se sauver et qui pourtant reste figé.
C’est cette attitude paradoxale qui conduit aux conservatismes les plus obscurs, chemin en ligne droite vers toutes les formes de complotismes.
Si on essaye de réellement comprendre cette opposition à des énergies, qui en réalité relèvent du bon sens, on voit apparaître un élément indicible, tabou, mais pourtant bien réel. L’incapacité de penser au-delà de sa propre existence.
Les effets du changement climatique seront de long terme, et tous ceux qui s’opposent aujourd’hui à la transition énergétique pour des intérêts court-termistes savent qu’ils ne subiront pas les effets du dérèglement climatique dans leur propre vie.
La désinformation comme limite à l’opposition à l’énergie éolienne
Nos paysages changent, des premiers champs et villages en passant par les ponts et les villes, les voies ferrées, les châteaux d’eau, l’électrification et maintenant les énergies renouvelables et donc l’éolien : ils sont en perpétuels évolution. Opposer nos paysages et la redéfinition de nos modes de vie n’a pas de sens. Il faut pouvoir concilier les deux. Tout n’est pas parfait dans le développement de l’éolien dans les territoires. Il faut pouvoir mieux associer les citoyens, privilégier le consensus et favoriser la raison mais vivre dans la nostalgie fantasmée d’une France du passé est sans conteste l’assurance de faire les mauvais choix.
On a évidemment le droit de penser et de dire que l’éolien est moche, qu’il modifie les paysages, on a le droit d’être contre, mais ce droit à une limite, la désinformation, terme qui en réalité signifie clairement le mensonge. Cette désinformation est régulièrement le socle de nombreuses associations anti-éoliennes. Ces dernières militent trop souvent pour la sauvegarde d’intérêts particuliers de certains qui ne veulent pas voir d’éoliennes dans leur jardin par pur égoïsme ou par un sentiment de revanche de voir une France se transformer sans qu’ils y aient été associés et qu’ils ne veulent pas comprendre.