Un cadre réglementaire précis pour le démantèlement d’un parc éolien
L’arrêté du 22 juin 2020 « portant modification des prescriptions relatives aux installations de production d’électricité utilisant l’énergie mécanique du vent », outre ses dispositions sur les installations éoliennes elles-mêmes, statut sur la protection de l’environnement, les distances d’éloignement et sur les règles de démantèlement et la gestion des déchets d’un parc éolien en fin de vie.
Le démantèlement concerne non seulement les éoliennes, mais aussi les postes de livraison, les câbles du réseau électrique. Ses règles sont strictes. Ainsi, il exige l’excavation totale des fondations « jusqu’à la base de leur semelle » et précise que les aires de grutage et les chemins d’accès devront être remis en état. De plus, à compter du 1er janvier 2024, tout nouveau parc autorisé devra, en fin de vie, respecter 95% de revalorisation de sa masse totale, fondations incluses.
Par ailleurs, la loi impose aux exploitants de provisionner une garantie financière pour le démantèlement de chaque éolienne et ce, dès la mise en service du parc. Ce montant est en 2023 de 75 000 €/ par éolienne de 2 MW et 25 000€ par MW supplémentaire (couvre les coûts compris entre 75K€ et 150K€ en fonction des spécificités : le montant des garanties financières est réactualisé par l’exploitant). Aujourd’hui 90 % minimum d’une éolienne est recyclable ou valorisable en fin de vie ce qui permet à l’exploitant un retour sur investissement pour les matériaux utilisés. À compter dans l’opération la revente sur le marché d’occasion d’un certain nombre de composants ou de parties de l’éolienne démantelée ce qui permet également de financer le démantèlement.
Concrètement, comment ça se passe ?
La Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) comporte une clause qui spécifie que le recyclage des principaux composants des éoliennes est obligatoire depuis 2023.
L’émergence d’une filière française axée sur le démantèlement : avec notamment une association, AD3R, ou la société Mywindparts qui travaillent à la déconstruction des parcs éoliens, le reconditionnement des gros composants, le recyclage des pales et la revente des métaux et matériaux recyclés et des composants. Certaines éoliennes, reconditionnées, vivent une seconde vie, notamment vers les pays de l’Est de l’Europe. À terme, ce sont plusieurs centaines d’emplois qui seront créés.
En clair, on enlève tout, on recycle les matériaux et on remet le site dans sa configuration originelle.
L’exemple du démantèlement du parc éolien du Cers (Aude), avec repowering (démantèlement et construction d’un nouveau parc, avec de nouvelles éoliennes, moins nombreuses, plus puissantes et plus performantes) illustre cette démarche. Pour le maire du village d’accueil, Escales : « c’est une totale réussite. L’ancien site a été entièrement nettoyé et est impeccable de propreté. La société est même allée au-delà des recommandations règlementaires en retirant les anciens câbles dans le sol et toutes les parties sont recyclées pour l’industrie ».
Les parties métalliques, mat et rotor notamment se recyclent déjà dans les filières existantes. Le béton armé des fondations peut aussi être facilement valorisé : trié, concassé et déferraillé, il est réutilisé sous la forme de granulats dans le secteur de la construction.
Le recyclage optimal des pales, qui sont usuellement broyées et valorisées comme combustible dans les cimenteries, en remplacement des carburants fossiles traditionnels et non enfouies comme aux Etats-unis, devient également possible.
La recherche sur le sujet des pales d’éoliennes permet aujourd’hui des solutions de recyclages. Par exemple on peut utiliser le broyât de pales pour fabriquer de nouveaux matériaux composites. Par exemple, le projet Ecopolycrete obtient à partir du broyage des pales un matériau aussi résistant que les composites à base de bois qui permet de nombreux usages comme des dalles de sol, des glissières de sécurité le long des axes routiers ou des meubles. D’ici 2024, les pales devront être à 100 % recyclables.
75 000 €
de provision minimum par éolienne pour le démontage
2019
c’est l’année où le plus ancien parc éolien de France a été démonté (Port-la-nouvelle)
1500
c’est le nombre d’éoliennes qui devraient être démontées et remplacées dans les 5 ans